Démence éthylique (alcoolique)

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  Auteur(s) : Dr Shanan Khairi
  Date de dernière édition : 22/09/2024

Les démences éthyliques désignent l'ensemble des syndromes démentiels attribuables à l'alcoolisme. Leur incidence est difficilement déterminable (consommation non avouée, critères flous de l'alcoolisme, diagnostic socialement mal accepté, coexistence avec d'autres causes de démences) mais elles sont considérées comme fréquentes et représenteraient jusqu'à 20% de l'ensemble des démences selon certains auteurs.

Notions de physiopathogénie

50 à 70% des éthyliques de longue durée présentent des altérations cognitives ("mild cognitive impairment"). L'évolution vers une véritable démence n'est pas rare en cas d'intoxication importante durant plus de 5 ans.

Leur étiologie est considérée comme multifactorielle : toxicité directe de l'alcool, carences nutritionnelles, coexistence avec une démence vasculaire ou dégénérative, trauma répétés, troubles métaboliques liés à une cirrhose et d'autres pathologies secondaires à l'éthylisme, épisodes de Wernicke-Korsakoff, Marchiafava-Bignami, Pellagre,...

Clinique

La clinique est variable étant donné l'intrication fréquente de différents mécanismes pathologiques mais le tableau classique est le suivant :

  • Début préfenciellement après 50 ans suivant une consommation massive (Hommes: > 35 u/semaine, F: > 28 u/semaine) et régulière d'alcool sur > 5 ans
  • Evolution insidieuse, aggravation possible par poussées
  • Prédominance de troubles psycho-comportementaux pouvant mimer une pathologie psychiatrique ou un syndrome frontal :
    • Episodes d'agressivité et impulsivité
    • Episodes délirants ++ sur un mode paranoïaque
    • Hypertrophie de l'ego, anasognosie
    • Familiarité excessive, pauvreté et labilité émotionnelle, démotivation, persévérations, fluence verbale diminuée, bradypsychie, déficits exécutifs (attention, conceptualisation, abstraction, jugement, flexibilité, planification) et altérations des capacités visuo-spatiales
  • Troubles mnésiques : mémoire de travail, mémoire à long terme,… variables dans le temps et améliorés par l'indiçage
  • Préservation relative du fonctionnement global (QI) et des capacités verbales
  • !Pour être posé, le diagnostic d'une probable démence éthylique nécessite une ré-évaluation après minimum 60 jours d'abstinence démontrant une stabilisation des troubles.

La présence d'un trouble du langage ou de déficits focaux sont des arguments plaidant contre le diagnostic.

Examens complémentaires

L'IRM cérébrale peut montrer une atrophie cortico-sous-corticale diffuse (possible prédominance frontale) avec ventriculomégalie (non spécifique), une atrophie cérébelleuse et des séquelles d'encéphalopathies métaboliques, de Wernicke-Korsakoff (++ atrophie des corps mamillaires) ou de Marchiafava. Après quelques mois d'abstinence, on peut parfois observer une régression de l'atrophie.

Prise en charge thérapeutique - Traitements

Sevrage alcoolique, abstinence, renutrition et supplémentation vitaminique (vitamines B et folates) → stabilisation, fréquente amélioration des troubles (sur des années et incomplète).

Bibliographie

Bradley WG et al., Neurology in clinical practice, 5th ed., Butterworth-Heinemann, e-dition, 2007

EMC, Traité de neurologie, 2022

Osborn AG, Diagnostic imaging: brain, Amirsys, USA, 2d ed., 2009