Hépatites et stéato-hépatites alcooliques aiguës
Date de dernière édition : 30/09/2024
Les hépatites et stéato-hépatites alcooliques aiguës peuvent survenir de novo mais plus souvent sur un foie déjà stéatosique ou cirrhotique. Elles concernent le plus souvent des patients de 40 à 50 ans ayant une lourde histoire éthylique (> 100g/j durant plus de 20 ans).
Il s'agit de l'une des complications les plus graves de l'alcoolisme. La mortalité sans traitement des formes sévères est de 35% à 1 mois et de 50% à 6 mois.
Elles peuvent co-exister avec des stéato-hépatites non alcooliques (NASH).
Clinique, évolution, pronostic
- Formes mineures (les plus fréquentes) : fatigue, parfois (sub)-fébrile, hépatomégalie parfois sensible
- Formes modérées et sévères (association fréquente à une cirrhose, toujours à rechercher) : idem que dans les formes mineures, ictère non ou peu prurigineux, ascite, encéphalopathie, rupture de varices œsophagiennes, hépatalgies, splénomégalie, tête de méduse, angiomes stellaires,... jusqu'aux signes de choc.
- L’aggravation dans les 10 à 15 premiers jours, période la plus dangereuse, est la règle. Le pronostic à court terme est évalué par le score de Maddrey.
- L’évolution à long terme est mal connue mais la pré-existence d’une cirrhose est de mauvais pronostic (survie à 4 ans des patients sans cirrhose = 60%, des patients avec cirrhose = 35%). En cas d’hépatite alcoolique sans cirrhose, 40% développeraient une cirrhose dans les 10 ans.
Pronostic : score de Maddrey
Le score de Maddrey = 4,6 x ( TP patient en sec - TP contrôle en sec ) + bilirubinémie (en μmol/ l) / 17
Les formes sévères des hépatites alcooliques sont définies par un score de Maddrey > 32 et/ ou la présence clinique d'une encéphalopathie hépatique.
Diagnostic
- Anamnèse et clinique. Même si une étiologie éthylique est supposée, rechercher systématiquement des facteurs favorisants ou déclenchants (++ iatrogènes).
- Biologie : les anomalies des tests hépatiques et de la bilirubinémie peuvent être modérées +- anomalies d’alcoolisme chronique. Une diminution du PT est corrélée à la sévérité.
- Signe évocateur : GOT / GPT > 2
- Ponction-biopsie : diagnostic de certitude (voie transjugulaire de préférence). A envisager en cas de forme sévère.
L'imagerie a surtout pour intérêt d'écarter des diagnostics différentiel ou d'affirmer la présence d'une cirrhose sous-jacente. D'autres examens sont réalisés pour écarter des diagnostics différentiels (sérologies des hépatites virales, drug screening
Traitements
- Arrêt définitif de l’alcool sous contrôle médical, éviction des facteurs favorisants
- Prise en charge immédiate de la dénutrition per os ou IV
- En cas de cirrhose : 30 à 40 kcal/ kg de poids sec/ jour avec 1,2-1,5 g/ kg de poids sec/ jour de protéines +- vitamines
- Prise en charge symptomatique d’une éventuelle insuffisance hépatique aiguë et des complications
- Traitements des formes sévères (++ en cas d’encéphalopathie ou de score de Maddrey > 32 ou de PT < 50%) :
- Corticothérapie : methylprednisolone IV 32 mg/ jour ou prednisolone PO 40mg/ jour 1 semaine à 1 mois
- Traitements dont aucune étude n’a jamais démontré l’efficacité : colchicine, D-pénicillamine, dianidanol, PUT, anti-TNF-α, insuline, glucagon,…
- La greffe hépatique peut-être discutée en aigu malgré le non respect du critère de sevrage alcoolique depuis 6 mois. Elle devrait être pratiquée systématiquement pour les formes sévères sevrées qui ne s’améliorent pas à distance de l’épisode aigu.
Bibliographie
EMC, Traité d'hépatologie, Elsevier, 2014
Friedman SL, Alcoholic hepatitis: Clinical manifestations and diagnosis, UpToDate, 2024
Friedman SL, Management and prognosis of alcoholic hepatitis, UpToDate, 2024
Hawkey CJ et al., Textbook of clinical Gastroenterology and Hepatology, 2d edition, Wiley-BlackWell, 2012
Maddrey WC, Corticosteroid therapy of alcoholic hepatitis, Gastroenterology, 1978 Aug