Hypertrophie bénigne de la prostate
Date de dernière édition : 5/11/2022
Une hypertrophie bénigne de la prostate correspond à un adénome prostatique se développant dans la zone de transition. Tumeur bénigne la plus fréquente de l'homme, responsable de troubles mictionnels chez ~20% des H > 50 ans. Pas de risque de transformation néoplasique.
Il s'agit en fait d'une hyperplasie cellulaire d'origine inconnue (déséquilibres androgènes/ œstrogènes et facteurs de croissance ?) entraînant :
- Une obstruction vésico-urétrale (augmentation de masse prostatique, augmentation du tonus des muscles lisses de l'urêtre et de la prostate) → symptômes obstructifs
- Une adaptation vésicale (morphologique [fibrose et hypertrophie du détrusor] et changements d'innervation [augmentation de la réponse α-adrénergique et diminution de la réponse β-adrénergique]) → symptômes irritatifs
- Décompensation vésicale (dépôts de collagène, diminution de la force de contraction, augmentation du volume résiduel) aboutissant à une vessie dilatée avec paroi fibreuse mince ou une vessie avec paroi fibreuse épaissie et cavité réduite
Clinique
Anamnèse
! aucun de ces symptômes n'est spécifique. Seule leur conjonction (anamnèse policière : l'installation étant progressive, le patient n'évoque pas toujours spontanément les symptômes) en l'absence d'autres signes d'appels chez un patient > 50 ans doit faire évoquer ce diag d'emblée.
- Symptômes obstructifs (= de vidange) : diminution de la force du jet urinaire, retard d'apparition du jet, jet intermittent, tension abdominale, sennsation de vidange incomplète, gouttes retardataires.
- Symptômes irritatifs (= de remplissage) : pollakiurie/ nycturie, mictions impérieuses, incontinence par impériosité.
- Stade terminal (vessie décompensée) : rétention urinaire, incontinence, affection des voies urinaires supérieures (cf complications).
D'autres symptômes devant faire évoquer d'autres étiologies comme 1er diagnostic peuvent être rencontrés : hématurie,… Certains symptômes ne se rencontrent quasi jamais : miction douloureuse (en dehors de surinfections),…
Examen clinique
- Globe vésical ? Palpation de reins distendus (exceptionnel) ?
- Toucher rectal : saillie intrarectale homogène élastique (consistance d'une "balle de tennis"), régulière, bien limitée, indolore.
- Examen génital
- Recherche de signes d'IRC (signes d'anémie, signes cutanés,…)
- Examen neuro pour exclure une des troubles mictionnels sur syndrome médullaire,…
Evolution
- Latence totale : très fréquente, à différencier cependant du patient habitué à ses troubles mictionnels
- Gêne fonctionnelle sans retentissement organique
- Complications aiguës et chroniques
Complications
Elles peuvent être révélatrices :
- Infections urinaires
- Calculs vésicaux, diverticules vésicaux
- Instabilité vésicale, impériosités, incontinence
- Rétention urinaire, hydronéphrose, insuffisance rénale chronique (seul réel risque vital)
- Hernie inguinale (sur efforts de miction)
Diagnostic différentiel
- Cancer de la prostate
- Sténose de l'urêtre
- Prostatite chronique
- Sténose primitive du col
- Causes d'hématurie
- Vessie neurogène (installation soudaine, < 50 ans, symptômes irritatifs et pas obstructifs, association à des troubles érectiles/ de l'éjaculation/ intestinaux)
Mise au point diagnostique

A noter que même en cas d'HBP évidente, les autres diags doivent être éliminés de façon clinique/ paraclinique. (L'HBP étant courante, on peut lui attribuer à tort des troubles mictionnels d'autre origine). Un cancer prostatique doit être évoqué en cas de : zone indurée au TR, élévation du PSA.
Tigette et examen microscopique des urines
→ inflammation? Hématurie? Infection?
Biologie
Examens systématiques : fonction rénale et dosage du PSA (0-4 ng/ml : cancer très improbable, 4-10 : 25% d'HBP et 25-30% de cancers, > 10 : 60% de cancers)
Uro-débitmétrie
= enregistrement du débit urinaire en cours de miction → Débit maximal (aN si < 15 ml/sec) et moyen ? Temps de survenue du débit urinaire maximal ? Durée de la miction ? Volume éliminé ?
Etudes manométriques
= enregistrement (invasif : sondes intra-vasicale et rectale) simultané du débit urinaire et de la pression du détrusor en cours de miction → différencie une obstruction d'une hyporéactivité vésicale.
Echographie
- Transabdominale → Vurinaire résiduel, aN des voies urinaires, adaptations de la paroi vésicale.
- Transrectale → taille et forme de la prostate, degré d'hétérogénéité.
Autres examens
Il n'est qu'exceptionnellement nécessaire de recourir à l'UIV ou l'urétérocystoscopie, dont l'indication est du ressort exclusif du spécialiste.
Prise en charge thérapeutique - Traitements
Le choix du traitement (attentiste, symptomatique, curatif) dépend de : score IPSS (gêne fonctionnelle), existence de complications, état général, co-morbidités, espérance de vie,...
Abstention et surveillance
++ concerne la majorité des cas. Examen médical annuel.
Traitements symptomatiques
- α-bloquants : action sur la composante dynamique
- 1er choix = omic (chlorhydrate de tamsulosine) : α1-bloquants sélectif (→ moins d'ES CV) à longue durée d'action
- terazosine 5-10 mg/j au soir (1 mg à J1, 2 mg à J3, 5 mg à J14)
- Action rapide (~1 sem) et plus efficace que les anti-androgènes
- ES : hypoTA orthostatique, vertiges, fatigue,…
- Anti-androgènes : inhibiteurs de la 5-α-réductase (finastéride, dutastérides) : action sur la composante statique de l'obstruction
- Résultats svt décevants et apparaissant après 6-12 mois de tt
- ES : baisse de libido, impuissance (0,5-3% !)
- Phyto-œstrogènes (urgenin) : pas de preuve d'efficacité, peu d'ES : troubles intestinaux
- Endoprothèses en cas d'indication chir mais patient inopérable
Traitements curatifs
Indications absolues : complications, vessie décompensée, gêne fonctionnelle importante non améliorée par le traitement médical.
- TURP = Gold Standard = Résection trans-urétrale de la prostate
- ++ si HBP < 80g
- Complications (16-18%) : HH, infections, impuissance, incontinence, TURP syndrome (= absorption excessive du fluide d'irrigation dans la circulation systémique, mortalité de 0,1%)
- Prostatectomie par voie haute
- Méthodes non chirurgicales : vaporisation laser, thermoth, radiofréquences, US de haute intensité,…
- Indications controversées
Auteur(s)
Dr Shanan Khairi, MD