Infections congénitales
Date de dernière édition : 4/11/2022
La plupart des infections congénitales sévères sont transmises au fœtus par voie sanguine transplacentaire. Mais le placenta joue en général un rôle actif d’amplification et pas seulement un rôle de porte d’entrée. Au départ du placenta, les agents infectieux pénètrent le torrent circulatoire du fœtus et atteignant les premiers filtres : la rate le foie. L’hépatosplénomégalie est donc très fréquente. Les lésions fœtales sont extrêmement variables en fréquence et sévérité, et dépendantes également de l’âge fœtal lors de la contamination. Un phénomène de tolérance immune est fréquemment associé à l’infection congénitale et a pour conséquence la persistance de l’agent infectieux pendant une durée anormalement longue (c’est le cas par exemple de l’infection à CMV ou de la rubéole congénitale).
Certaines infections congénitales restent muettes et ne se manifestent que longtemps après la naissance, c’est le cas notamment de la choriorétinite due à la toxoplasmose (40% des enfants de mère présentant une toxoplasmose durant la grossesse développent des symptômes tardifs).
Les agents étiologiques les plus fréquents d’infections congénitales sont la toxoplasmose, la rubéole, l’infection à CMV, et la syphilis. Cependant de très nombreux autres agents infectieux peuvent être impliqués (les autres virus du groupe herpes, parvovirus B19, rougeole, entérovirus, HIV, hépatite B, adénovirus, tuberculose, brucellose, campylobactérioses, borréliose, fièvre Q, malaria …)
Le tableau associe des signes systémiques peu spécifiques (ictère, hépato-splénomégalie, apathie, éruptions cutanées, altérations sanguines) à des signes locaux parfois plus spécifiques (méningo-encéphalite : CMV, toxo, rubéole ; choriorétinite – CMV, toxo, rubéole ; ostéochondrite – CMV, rubéole, syphilis) et éventuellement des malformations (hydrocéphalie, microphtalmie, microcéphalie, malformations cardiaques, ..).
Une longue liste de facteurs sont associés à l’infection fœto-maternelle dont par exemple :
- saisonnalité (ex entérovirus été et automne)
- déficit de sécurité alimentaire (toxoplasmose, listériose)
- présence d’enfants ainés en bas-âge eux-mêmes infectés (CMV, parvovirus, …)
- exposition dans des zones à prévalence élevée (tuberculose, malaria, hépatite B)
- animaux domestiques (toxoplasmose et chats)
- comportement sexuel (IST)
- déficit de couverture vaccinale (rubéole, …)
Prévention :
- vaccination contre la rubéole : comme il s’agit d’un vaccin vivant atténué, il est évidemment formellement contrindiqué en cours de grossesse et doit être administré en période pré-pubère
- mesures prophylactiques alimentaires : ont pour objectif de réduire le risque de toxoplasmose et de listériose
- une grande vigilance est requise ainsi que des conseils prophylactiques en cours de grossesse (hygiène, voyages, aliments, animaux, …),
- Dépistage des IST et traitement ! (HIV, syphilis, gono)
- Traitement de l’infection par HIV chez la femme enceinte
Le suivi des épisodes d’infection en cours de grossesse et l’examen à la naissance du bébé sont des éléments de systématique utiles pour prévenir ou traiter ces infections ou leurs complications. L’obstétricien et le pédiatre doivent donc toujours être très attentifs aux éléments d’anamnèse concernant tous ces risques dans la période prénatale. Par exemple, l’infection à Listeria monocytogenes peut induire un tableau qui va d’une pseudo grippe à un tableau plus sévère de sepsis chez la femme enceinte.
En cas de suspicion, examens sérologiques chez la mère et l’enfant et recherches spécifiques de l’agent infectieux contribueront à étayer le diagnostic (ex virurie à CMV).
Dans certaines situations, un traitement spécifique (HIV – la mère et l’enfant) ou une immunisation passive (administration d’immunoglobulines à l’enfant ex VZV), ou combinée passive-active (ex hépatite B) sont possibles.
Auteur(s)
Pr Baudouin Byl, MD, PhD
(Mis en forme, revu et modifié par Dr Shanan Khairi, MD)