Intoxications aux pesticides
Date de dernière édition : 22/09/2024
Les pesticides regroupent les :
INSECTICIDES ET ACARICIDES |
RODENTICIDES |
HERBICIDES |
FONGICIDES |
MOLLUSCICIDES |
Organochlorés Organophosphorés Carbamates Divers |
Phosphure de Zn (= phosphore blanc) Warfarine Strychnine |
Phytohormoses Carbamates Chlorophenol Paraquat |
Composés soufrés Mercurils Carbamates Sn organique |
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Organo-chlorés
Ex : DDT (bannit en Europe, toujours utilisé en Afrique dans la lutte contre la malaria), HCH (lindane, retrouvé dans les bois anciennement traités).
Ce sont des polluants avec accumulation biologique (graisses) à bioconcentration au long de la chaîne trophique. Passent la barrière placentaire ! Très longue ½ vie (à maintien du risque et de la toxicité sur une longue période !) !
Clinique
- Intoxication aiguë
- SNC : crises épileptiformes (effet positif des antiE car augmentent la clearance des organo-chlorés), paresthésies de la face, céphalées, vertiges, tremor
- Cancérigène : classe IIb de l’IARC
- Dose létale pour un patient de 70kg : 3-30g de DDT, 7-15g de HCH
- Intoxication chronique
- Dermite allergique
- Evolution possible vers la stéatose hépatique (puis vers la cirrhose ?)
- Cancers ?
- OMPK en cas d’exposition intra-utérine
Organo-phosphorés
Dérivés (esters) de l’acide phosphorique. Ex : sarin (cf attentat du métro de Tokyo). Produits extrêmement toxiques mais non persistants dans les sols.
Origines
- Intoxications professionnelles (fermes, usages de pesticides)
- Accidentelle (enfant++)
- Tentatives de suicide
Pharmacologie
- Lipophiles à entrée pulmonaire, digestive, cutanée, passent la barrière hématoméningée !!!
- ½ vie de 2-4h par voie orale, de 9-15h par voie cutanée
- Inhibent la cholinestérase et sa régénération est lente (1%/j) à nécessite ~70j pour réatteindre un taux satisfaisant
- Inhibiteur de l’acétylcholinestérase ( (SN) et la pseudo-cholinestérase (foie, GR) à accumulation d’acétylcholine dans les synapses à d’abord : phase d’excitation à ensuite : blocage de la synapse (SNC, para et orthosympathique)
Clinique
! diagnostic difficile vu les effets multiples à importance d’une bonne anamnèse !
! inégalité face aux doses susceptibles d’entraîner une clinique, réactions hyperintenses possibles !
! possible contamination cutanée à précautions à la garde lors de l’examen clinique !
- Signes fréquents (mais furtifs)
- Myosis uni/bilatéral
- Diminution de l’acuité visuelle
- Restriction des champs visuels
- Effets muscariniques
- Sudation, salivation, bradycardie, hypoTA, myosis, bronchospasme, polyurie, hypersécrétions, wheezing, incontinence urinaire, céphalées, diarrhée, douleurs abdominales, OP
- Effets nicotiniques
- Fibrillation musculaire, faiblesse musculaire (parésie), tachycardie, HTA, pâleur
- Effets centraux
- Anxiété, vertiges, labilité émotionnelle, troubles du sommeil, cauchemars, dépression, diminution des ROT/ aréflexie
3 phases d’apparition des symptômes
- Phase aiguë (qq min) : varie selon la voie d’entrée (respi/digestive/cutanée). La symptomatologie devient complète en qq min
- Phase intermédiaire (1-4j) = phase nicotinique avec parésie musculaire ( ! parésie respiratoire) ++ face et nuque. Tt symptomatique. Bonne récupération
- Phase tardive (1-3 sem) : effet dose-dépendant (lié à l’importance de l’exposition). Généralement séquelles. Deux types cliniques sont décris :
- SNP : Polyneuropathie retardée (OPIND) : parésie, paresthésies à type de brûlures (++ distal aux MI), paralysie avec atrophie muscu, ataxie, troubles sensoriels +- polyurie et dysurie
- SNC : Pathologie psycho-cognitive (COPIND) : confusion, somnolence, léthargie, anxiété, labilité émotionnelle, fatigue, irritabilité, troubles de la mémoire et de la concentration
Diagnostic
- Dosage des métabolites urinaires (diakylphosphate), le plus sensible et spécifique mais rarement fait par les labos
- Dosage sanguin de l’activité de la pseudocholinestérase érythrocytaire… peu sensible (nécessite une baisse de > 15%)
Prise en charge thérapeutique
- Décontamination cutanée ( !!! PROTECTIONS POUR LE PERSONNEL SOIGNANT : CONTAMINATION CUTANEE POSSIBLE !!!)
- Traitement symptomatique si nécessaire (béta2mimétiques, réanimation CPR,…)
- Injection d’atropine (2mg IV toutes les 10 min) + administration d’oximes (compétition avec les organo-phosphorés sur le site de fixation de l’acétylcholinestérase)
- (injection de cholinestérase reste à valider)
En cas d’exposition professionnelle : écartement durant minimum 60j (pour retour à une activité enzymatique satisfaisante)
Jamais de morphiniques, de phénothiazides ou de succinylcholine !
Carbamates
Ont également une activité anticholinestérasique mais plus réversible. Tableau clinique similaire aux organo-phosphorés bien que moins sévères et récupérant mieux. Pas de signes centraux car passent mal la barrière hémato-méningée.
Ex : Baygon
Traitement : injections d’atropine IV