Protéinurie

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  Auteur(s) : Dr Shanan Khairi
  Date de dernière édition : 22/09/2024

Une protéinurie correspond à la présence de > 150 mg/ 24 heures de protéines dans les urines. Elle traduit une atteinte fonctionnelle ou organique rénale, mais est susceptible d'induire par elle-même une atteinte glomérulaire. Indépendamment de l'étiologie et de la tension artérielle, abaisser une protéinurie importante persistante par des inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) a été démontré bénéfique.

Diagnostic et orientation étiologique

  • Tigette urinaire = dépistage
    • Augmentation des faux positifs si : urines concentrées, infections, pH urinaire > 7, contamination par les sécrétions vaginales, examen iodé dans les 24 heures précédentes
    • Faux négatifs rares mais possibles en cas de protéinurie exclusivement à chaînes légères
  • Protéinurie de 24 heures = diagnostic qualitatif et quantitatif

Protéinurie - attitude pratique

Classification et significations cliniques

Protéinurie bénigne isolée (sédiment urinaire et fonction rénale normaux, pas de pathologie systémique)

  • Protéinurie fonctionnelle :
    • Fréquente, transitoire, disparaît en < 48 heures de l'événement causal
    • Causes : fièvre, exercice physique, stress, exposition au froid
    • Excellent pronostic rénal
  • Protéinurie idiopathique transitoire :
    • Fréquente chez les enfants, adolescents et jeunes adultes
    • Forme particulière : protéinurie orthostatique
    • Excellent pronostic rénal

Protéinurie persistante isolée (indépendante de la position et retrouvée plusieurs fois)

  • Entité nosologique floue
  • Evolue rarement vers l'insuffisance rénale
  • Tant qu'elle reste modérée (< 1 g/ 24 heures) on peut se contenter d'un contrôle protéinurie et fonction rénale annuel

Protéinurie non néphrotique associée à une atteinte rénale

  • Microalbuminurie
    • Concerne 5-10% de la population
    • En présence de diabète → traduit une atteinte glomérulaire
    • En l'absence de diabète → accroissement du risque cardio-vasculaire et association fréquente avec d'autres facteurs de risque cardio-vasculaires (résistance à l'insuline, obésité androïde, hypertension artérielle, hypertrophie ventriculaire gauche, hyperuricémie,…)
  • Protéinurie tubulaire (protéines de bas poids moléculaire)
    • Généralement 1-2 g/ 24 heures, ++ β-2-microglobuline et chaînes légères, ++ leucocyturie amicrobienne associée
    • Sur néphropathies toxiques (métaux lourds, antidouleurs), néphropathie des Balkans, pyélonéphrites chroniques, rejets de greffe rénale, (néphroangiosclérose)
  • Protéinurie glomérulaire
    • ++ anomalies du sédiment urinaire associées
    • Peut traduire toute glomérulonéphrite. Glomérulosclérose diabétique > néphroangiosclérose > maladie de Berger > …
    • Possible également durant grossesse, insuffisance cardiaque, sténose d'une artère rénale

Protéinurie néphrotique (protéinurie > 3 g/ 24 heures)

  • Sélective (présence de protéines de taille < albumine)
    • Traduit généralement une glomérulonéphrite à lésions glomérulaires minimes
      • Diagnostic quasi-certain chez l'enfant → corticothérapie d'épreuve
      • Faire une ponction biopsie diagnostique chez l'adulte
  • Non sélective (présence de protéines de grande taille telles que des IgG)
    • Peut traduire quasi n'importe quelle glomérulonéphrite. Glomérulosclérose diabétique > glomérulonéphrite extra-membraneuse > hyalinose segmentaire et focale > glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique > amylose rénale > glomérulonéphrite membrano-prroliférative et glomérulonéphrite extra-capilaire >>> maladie de Berger et purpura rhumatoïde, intoxications aux métaux lourds (plomb ++), infection HIV, néphroangiosclérose, sténose d'une  artère rénale