Reflux gastro-oesophagien (RGO)
Date de dernière édition : 22/09/2024
Le reflux gastro-oesophagien (RGO) est défini comme un reflux trop important et/ ou prolongé de liquide gastrique dans l'œsophage responsable de symptômes (extra)-digestifs et d'œsophagite peptique. Il s'agit d'une affection très fréquente et généralement bénigne (répercussions fonctionnelles). Son incidence diminue avec l'âge bien que celle de l'œsophagite peptique augmente. Environ 30% de la population présente au moins un épisode mensuel de RGO, environ 5% au moins 1 épisode quotidien. L'œsophagite peptique concerne quant à elle environ 2% de la population.
Facteurs favorisants et aggravants
Hernie hiatale, anomalies du sphincter oesophagien inférieur (SOI), augmentation de la pression abdominale, certains médicaments (β-bloquants, nitrés, anti-calciques, théophylline), grossesse, obésité, chirurgie mobilisant le cardia, sonde gastrique, décubitus prolongé, anomalies du péristaltisme œsophagien (diabète, sclérodermie), gastroparésie, insuffisance salivaire.
Clinique
- Pyrosis et brûlures rétro-sternales : généralement postprandiale, en décubitus, provoquée par certains aliments (fruits acides, café, alcool, repas gras).
- Dysphagie ou odynophagie (20%) : signe de gravité si s'aggravent de façon progressive
- Complications d'œsophagite peptique : anémie par carence martiale, ulcérations, hémorragie digestive haute. Rares : sténoses, œsophage de Barret et cancérisation
- Formes cliniques atypiques : pneumopathies récidivante, aggravation d'un asthme, toux, enrouement, laryngite, paresthésies pharyngées, douleurs rétro-sternale intense à irradiation dorsale et dans les mâchoires (écarter une coronopathie !),…
Diagnostic
- Clinique : suffisante dans la plupart des cas pour affirmer le diagnostic
- Endoscopie-OGD : n'est utile que pour diagnostiquer et grader une œsophagite peptique. Systématique si plus de 50 ans.
- Indiquée uniquement en cas de signes d'alarme :
- anémie, amaigrissement, dysphagie progressive, vomissements, échec du traitement ou récidive précoce, apparition ou aggravation récente chez un patient de plus de 50 ans
- Indiquée uniquement en cas de signes d'alarme :
- pH-métrie de 24h + OGD : examen de référence (sensibilité et spécificité d'environ 90%). Pas d'antisécrétoire pendant 1 semaine avant l'examen.
- Indiquée uniquement en cas de signes atypiques à rapporter à un RGO
- manométrie œsophagienne, RX, scintigraphie : très rarement utiles
Prise en charge thérapeutique - Traitements
Les prokinétiques et les anti-H2 sont à éviter (efficacité limitée, effets secondaires importants)
- Hygiéno-diététique : tête de lit surélevée, pas de repas avant de se coucher, perte de poids si obésité, éviter les aliments aggravants
- Formes légères :
- Symptômes ponctuels: Anti-acides au coup par coup (vs essai IPP à demi-doses)
- Symptômes fréquents ou identification de facteurs déclenchants : IPP par périodes de 1-2 semaines
- Formes modérées – sévères :
- IPP 1 à 3 mois
- Déterminer le mode de traitement d'entretien selon les symptômes :
- À la demande si récidives occasionnelles
- De façon continue en cas de récidives fréquentes
- En cas d'impossibilité prolongée d'interruption du traitement à pleine dose → chirurgie (fundiplicature) pour les patients jeunes sans co-morbidité
- Déterminer le mode de traitement d'entretien selon les symptômes :
- IPP 1 à 3 mois
- Formes compliquées :
- Sténose peptique :
- IPP à dose normale ou double dose
- Dilatations endoscopiques selon dysphagie
- En cas d'échec du traitement : chirurgie
- Œsophage de Barret (lésion précancéreuse) : idem que pour les sténoses peptiques mais d'autres possibilités (électrocoagulation, laser ou photothérapie des métaplasies) sont en cours d'évaluation quant à leur efficacité dans la prévention de survenue d'un cancer.
- Sténose peptique :