Adénites - Généralités
Date de dernière édition : 5/06/2024
Les lymphadénopathies sont de diverses origines, dont oncologiques (fréquence de cette étiologie augmente avec l’âge) de type infiltrative (métastases) ou de type lymphoproliférative (leucémies, lymphomes), inflammatoires (lupus, arthrite rhumatoïde etc.) et infectieuse.
La plupart des infections dues à des germes pyogènes ordinaires (strepto b-hémolytique du groupe A, S aureus, …) peuvent s’accompagner d’adénopathies satellites, et il en va de même pour une série d’IST qui s’accompagnent d’adénopathies inguinales (syphilis, herpès génital, lymphogranulome, chancroide, granulome inguinal). La lymphadénopathie est excessivement commune chez le jeune enfant et de nature le plus souvent bénigne.
Approche diagnostique face à une adénopathie
Une lymphadénopathie généralisée évoque une étiologie virale ou toxoplasmose, avec la particularité déjà mentionnée que chez le patient HIV nombres d’infections s’accompagnent d’une lymphadénopathie généralisée.
En cas de lymphadénopathie localisée, le diagnostic sera assez facile si une infection est démontrable dans les territoires couverts par l’aire ganglionnaire atteinte (peau, bouche, organes génitaux). Si le diagnostic clinique n’est pas évident, un bilan sérologique éventuellement complété par une ponction à l’aiguille fine à visée histologique et microbiologique permet en général de préciser l’étiologie et proposer le traitement adéquat.
Un nodule < 1 cm non fixé chez un patient < 40 ans peut être observé sans pratiquer d’acte invasif pendant quelques semaines avant d’envisager une biopsie. Par contre, l’évolution, la grande taille ou un âge supérieur sont des éléments en faveur d’un diagnostic plus rapide (pour exclure une origine oncologique notamment).
La persistance d’adénopathie au-delà de 1 mois, a fortiori chez un patient adulte justifie une plus grande agressivité diagnostique. Il en va de même pour la persistance d’adénopathie plus de 6 mois chez un patient atteint de toxoplasmose ou d’une maladie de la griffe du chat.
Quelques tableaux d'adénites infectieuses en pratique clinique
Lymphadénite aigue cervicale à germes pyogènes
Elle complique une infection staphylococcique de la face ou une pharyngite. Est plus fréquente chez l’enfant que l’adulte. Chez ce dernier, on retrouve régulièrement une flore anaérobie ou mixte d’origine buccale ou pharyngée. Elle est dans ce cas unilatérale.
Lymphadénite cervicale bilatérale
Elle est presque toujours d’origine virale (infections respiratoires hautes, EBV) mais parfois à strepto b-hémolytique du groupe A (pharyngite).
Adénite mésentérique
Les adénites mésentériques sont banales chez l'enfant et le jeune adulte. D'origine généralement virale, elles se présentent par des douleurs abdominales et/ ou des troubles du transit et ne nécessitent habituellement qu'une prise en charge symptomatique.
Actinomycose
Rare mais classique présentation, région sous mandibulaire (foyer buccal), extension osseuse possible. Pus caractéristique « à grains jaunes » lorsque fistulisation à la peau.
Traitement : pénicilline ou amoxicilline
Maladie de la griffe du chat
Elle est causée par Bartonella henselae (bacilles à Gram négatif). Plutôt chez les enfants et adolescents. Apparition d’une adénopathie à la base du membre siège d’une griffe dans les 1 à 3 semaines précédentes. La lésion d’inoculation est souvent encore présente et inflammatoire. Parfois signes généraux plus sévères (fièvre, maux de tête, splénomégalie). Evolution en général spontanément favorable chez l’hôte immunocompétent.
Traitement : formes bénignes – macrolides (ou doxycycline), endocardites – doxycycline + gentamicine
Adénite tuberculeuse
(voir ci-dessus). On peut également observer des adénites lors d’infections à mycobactéries atypiques.
Tularémie
Lésions cutanées avec adénopathie satellite causées par Francisella tularensis (cocco-bacille à Gram négatif) chez des individus entrant en contact avec des animaux sauvages (chasseurs, tanneurs, …) ou des tiques ou moustiques infectés. C’est une maladie rurale. Incubation 2-5 jours puis apparition d’une lésion cutanée pustuleuse puis ulcérée en même temps qu’une adénopathie douloureuse (épitrochléenne ou sous-axillaire). Signes généraux, fièvre; bactériémie secondaire possible avec greffes septiques. Parfois inoculation conjonctivale et syndrome de Parinaud (association d’une conjonctivite et d’adénopathies préauriculaires). On décrit aussi des pharyngites (ingestion), des pneumonies (inhalation ou secondaire à septicémie).
Traitement : aminoglycosides ou doxycycline ou quinolones
Toxoplasmose
La lymphadénopathie fait partie des éléments les plus fréquemment observés lors de la primo-infection toxoplasmique (présente chez plus de 80% des individus). Elle est unique chez 90% des adultes, plus fréquemment multiple chez les enfants. Le tableau peut s’accompagner aussi d’hépatosplénomégalie. Il est spontanément résolutif chez l’hôte immunocompétent. Le diagnostic différentiel entreprend la mononucléose infectieuse. Le virage sérologique confirme le diagnostic.
Étiologies virales
Infection par HIV (elle-même prédisposant à une série de manifestations exacerbées accompagnées de lymphadénopathie généralisée d’infections telles que tuberculose, syphilis, maladies virales diverses etc), mononucléose infectieuse et infection par HTLV-1 (voir cours de virologie).
Autres causes non rencontrées sous nos latitudes
- peste bubonique
- leishmanioses, trypanosomiases, filarioses, onchocercoses…
- etc.
La place des traitements antibiotiques
Le traitement est bien entendu dépendant de l’étiologie. Cependant, il peut parfois être indiqué de traiter empiriquement avec pénicilline ou amoxicilline. Une réponse en quelques jours démontre l’origine bactérienne banale de l’adénopathie (strepto ou flore buccale par exemple). Cette attitude est particulièrement utile afin d’éviter une escalade diagnostique chez les jeunes enfants.
Auteur(s)
Pr Baudouin Byl, MD, PhD
Dr Shanan Khairi, MD