Hypokaliémie
Date de dernière édition : 22/09/2024
Une hypokaliémie est définie par une kaliémie < 3,5 mmol/ l, sous réserve des normes propres au laboratoire de référence. Elle est généralement asymptomatique au dessus de 3 mmol/ l et considérée comme sévère (risque vital) sous 2 mmol/ l.
Etiologies et algorithme diagnostique
On peut classer les causes d'hypokaliémie par leurs mécanismes :
- Apports insuffisants
- Régimes inappropriés, malnutrition, anorexie
- Iatrogènes (perfusions inadaptées)
- Redistribution (shift intracellulaire)
- Alcaloses métaboliques
- Augmentation des catécholamines
- Iatrogène (vitamine B12, insuline, bêtamimétiques,...)
- Pertes augmentées
- Pertes digestives
- Diarrhées et vomissements
- Toute cause de pertes excessives de sécrétions intestinales, biliaires ou pancréatiques
- Pertes rénales
- Hyperaldostéronismes (en ce compris les hyperaldostéronismes secondaires à une insuffisance cardiaque, hépatiques ou un syndrome néphrotique, à une hypertension maligne ou réno-vasculaire) et hypercorticismes
- Acidoses tubulaires
- Diurèses osmotiques et médicamenteuses
- Hypomagnésémie
- Diverses pathologies rénales
- Pertes cutanées
- Toute cause de lésions cutanées étendues (ex : grands brûlés)
- Pertes digestives
Un algorithme simple basé sur la clinique, la biologie et l'examen des urines permet une orientation étiologique rapide :
Clinique
Une hypokaliémie est généralement symptomatique à < 3 mmol/ l et considérée comme sévère à < 2 mmol/l.
Les manifestations cliniques incluent des troubles psychiques et de la vigilance, ralentissement du transit digestif, constipation, iléus, faiblesse, rhabdomyolyse, hypertension artérielle, hypotonie, paralysie flasque, polyurie, polydipsie, dépression respiratoire, troubles du rythme cardiaque jusqu'à la fibrillation ventriculaire et risque de mort subite.
Une hypokaliémie est présente chez 20% des malades en soins intensifs.
Examens complémentaires
- Biologie : ionogramme, aldostérone, rénine, cortisol, glycémie (intolérance au glucose), fonction rénale
- Urines de 24h : ionogramme urinaire
- Gazométrie : alcalose métabolique
- Electrocardiogramme (ECG) : ondes T aplaties, sous-décalage ST, ondes U (marqueur de risque de mort subite !), fusion des ondes T et U, QT long
Prise en charge thérapeutique - Traitements
NB : 1 g KCl = 13 mEq de potassium
- Une hypomagnésémie est souvent associée, son contrôle est indispensable pour équilibrer correctement le K.
- Traitement étiologique si possible
- Arrêter tout traitement hypokaliémiant et digitalique
- Régime riche en K (jus d’orange, pamplemousse, banane, fruits secs, légumes, chocolat)
Hypokaliémie modérée (> 2 mmol/ l) :
- KCl per os : 1-6 x gélules/ ampoules de 8 mmol/ 24 heures
- Les sels alcalins (bicarbonate, citrate ou gluconate de K) ne sont utiles qu’en cas d’acidose métabolique associée (rare)
Hypokaliémie sévère (< 2 mmol/ l) :
- Prévenir intensiviste
- KCl IV 6-12 g/ 24 heures avec un débit maximum de 1,5 g/ heure et concentration maximale de 40 mmol/ l dans une solution saline ou glucosée
- Si troubles du rythme :
- Associer MgCl2 ou MgSO4 IV 2-3 g IV puis 1g/ heure durant 12-24 heures
- Cardiomonitoring continu