Anosmie - Hyposmie
Date de dernière édition : 22/09/2024
Une hyposmie est une diminution pathologique de l'odorat. Une anosmie est l'abolition complète des perceptions olfactives.
Il s'agit de plaintes fréquentes et généralement de signification bénigne. Elles doivent en outre être différenciées de la diminution physiologique de l'odorat liée à l'âge, habituelle après 60 ans.
Etiologies
Les étiologies des diminutions de l'odorat sont innombrables mais dominées par les rhinites atrophiques et autres pathologies ORL, suivies par ordre décroissant des causes toxiques et iatrogènes, psychogènes (principalement la dépression), post trauma crânien,...
- Causes locales : rhinites, radiothérapie, tumeurs ORL, dysplasie olfacto-génitale (= absence congénitale des récepteurs olfactifs), infections dentaires et buccales, sinusites chroniques…
- Lésions intracrâniennes : tumeurs osseuses, trauma, tumeurs de l'étage antérieur de la base du crâne ou de l'étage moyen, méningo-encéphalite, hydrocéphalie, maladies neurodégénératives (signe précoce dans les maladies d'Alzheimer, de Parkinson et de Huntington), anévrismes de l'artère cérébrale antérieure ou de l'artère communicante antérieure
- Causes systémiques : hypothyroïdie, dénutrition avec carences vitaminiques, carence en zinc, diabète, carence en vitamine B12, infections virales, syndrome de Sjogren,...
- Iatrogènes : métronidazole, amphotéricine B, ampicilline, lincomycine, éthambutol, tétracyclines, méthotrexate, doxorubicine, vincristine, allopurinol, colchicine, D-pénicillamine, 5-thiopridoxine, anti-thyroïdiens, sympathicomimétiques, codéines, morphine, carabamazépine, lithium, phénytoïne, baclofen,…
- Assuétudes et toxiques : éthylisme, tabagisme, opiacés, benzènes, hydrazine, formaldéhyde, menthol, solvants, trichloréthylène, cadmium, acrylate, nickel,…
- Psychiatriques : troubles fonctionnels, troubles anxio-dépressifs, psychoses
Clinique et orientation étiologique
Diminution de l'odorat, habituellement accompagnée de troubles fins de la gustation (les perceptions élémentaires sont le plus souvent conservées). Des troubles dépressifs et/ ou une perte de poids secondaires sont possibles.
Eléments d'orientation clinique :
- Terrain atopique → rhinite chronique ?
- Aucune perturbation du goût ou pas de préservation des perceptions gustatives élémentaires → psychogène ?
- Perturbations qualitatives (parosmies : odeurs nauséabondes,…) → dépression (fréquent chez les patients âgés), tumeurs cérébrales ?
- Hallucinations olfactives épisodiques critiquées par le patient → crises épileptiques partielles complexes ?
- Contexte délirant → psychose chronique ?
- Troubles cognitifs, syndrome extrapyramidal,… → maladie neurodégénérative débutante ?
- Congénital, troubles de l'acuité auditive ou visuelle et/ ou hypogonadisme → dysplasie olfacto-génitale ?
- Notion de céphalées, d'autres signes d'hypertension intracrânienne ou de déficits focaux → tumeur de la base du crâne ?
Diagnostic différentiel
- Hyperosmies : variabilité individuelle, variations menstruelles, migraines
- Dysosmies : traumas, névralgie olfactive, troubles anxio-dépressifs, causes locales
- Hallucinations olfactives : crises épileptiques temporales, psychoses, dépressions majeures
- Perte de discrimination olfactive : maladies neurodégénératives, syndrome de Korsakoff
- Diminution physiologique de l'odorat liée au vieillissement
Bilan
Réaliser un bilan uniquement en l'absence d'étiologie évidente (psychose, allergies sévères, sinusite chroniques, syndrome dépressif,…) :
- Bilan stomatologique et ORL avec CT- scanner des sinus et rhinoscopie
- Selon l'orientation clinique et uniquement en l'absence d'explication évidente au bilan stomatologique-ORL :
- Tests allergiques et tests de sensibilité aux différentes odeurs et goûts
- IRM cérébrale
- Biologie (hémato-CRP, VS, FAN, ANCA, TSH, fonction hépatique +- plomb, arsenic et autres métaux lourds)
- Divers selon la présentation clinique
Prise en charge thérapeutique - Traitements
- Etiologique le cas échéant. Même en cas de traitement efficace d'une cause identifiée, la récupération de la perception olfactive est aléatoire.
- Il n'y a pas d'autre prise en charge symptomatique que le respect de précautions (systèmes anti-incendies, éviction des aliments avariés,…).