Adénite (= adénolymphite) mésentérique

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Une adénite mésentérique consiste en une inflammation (sub)-aiguë de ganglions mésentériques. Pathologie banale, typique de l'enfant ou du jeune adulte, son étiologie est généralement virale (dans plus de 80% des cas - Epstein-Barr Virus,…), plus rarement bactérienne (yersinia, tuberculose mésentérique,…) ou parasitaire (toxoplasmose, lambliase,…), exceptionnellement en lien avec une pathologie néoplasique ou inflammatoire chronique.

Clinique

  • Douleurs abdominales diffuses ou en fosse iliaque pouvant mimer une appendicite ou sigmoïdite +- vomissements et troubles du transit. Mime généralement une gastro-entérite (douleurs abdominales diffuses - vomissements - diarrhée).
  • Un état sub-fébrile à une fièvre modérée est habituel.
  • Une infection des voies respiratoires supérieures, la présence d'adénopathies cervicales ou un syndrome grippal plaident pour une étiologie virale.

En cas d'étiologie virale, les douleurs disparaissent en quelques heures à quelques jours dans la majorité des cas. Leur persistance, l'apparition d'une dégradation de l'état général ou une aggravation clinique rapide doit faire éliminer une origine bactérienne, une complication (invagination intestinale aiguë chez l'enfant) ou un diagnostic différentiel (autres causes de douleurs abdominales aiguës et causes gynécologiques, inspecter également les bourses chez l'enfant et le jeune adulte car une torsion testiculaire frustre peut débuter par des douleurs abdominales basses) et penser à une angine ou une pneumonie en cas de fièvre (se déclarant fréquemment par des douleurs abdominales chez l'enfant). Des signes péritonéaux sont possibles mais doivent toujours faire éliminer une urgence chirurgicale.

Examens complémentaires

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Echographie abdominale d'un patient de 10 ans présentant une douleur élective en fosse iliaque droite. Démonstration dans cette région d'une structure ovalaire de 1,5 cm de grand axe sensible sous la sonde. L'appendice (non montré dans la vidéo) étant normal, une adénite mésentérique est diagnostiquée.

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En l'absence de signe de gravité et de doute quant à une pathologie chirurgicale (éléments rassurants : enfant ou jeune adulte, absence de signes péritonéaux, amélioration endéans les trois jours, conservation de l'état général, absence de vomissements sanglants ou de diarrhées sanglantes, absence de douleur localisée élective à la palpation,...), aucun examen complémentaire n'est nécessaire. Dans les autres cas, on réalisera :

  • Biologie : syndrome inflammatoire variable selon l'étiologie.
  • Hémocultures en cas d'état septique ou si une antibiothérapie empirique est jugée nécessaire.
  • Tigette et examen microscopique des urines (EMU) en cas de doute clinique avec une colique néphrétique ou une infection urinaire. Eventuel test de grossesse et avis gynécologique.
  • Echographie ou CT-scanner abdominal : confirme la présence d'adénopathies mésentériques supracentimétriques (ou des clusters d'au moins 3 adénopathies de plus de 5 mm de grand axe), peut mettre en évidence un épaississement de la paroi grêle ou colique en regard, estime la sévérité et d'éventuelles complications et permet d'éliminer les diagnostics différentiels chirurgicaux (l'appendice doit être normal).

Traitement et prise en charge

En cas de clinique typique sans argument pour une étiologie bactérienne :

  • Traitement uniquement symptomatique, similaire à la prise en charge d'une gastro-entérite : paracétamol +- anti-inflammatoires non stéroïdiens. Mesures générales (régime "gastro", bonne hydratation). Aucune autre attitude n'a démontré d'efficacité.
    • Les antiémétiques et anti-diarrhéiques sont rarement utiles chez l'adulte et de règle à éviter chez les enfants. Privilégier chez ces derniers l'hyperhydratation per os, à l'aide de Solutés de Réhydratation Orale selon l'âge, et envisager même une brève hospitalisation en cas de diarrhées et/ ou vomissements profus ou de signes cliniques de déshydratation chez les très jeunes enfants et nouveaux nés.
  • Le cas échéant, rassurer les parents (souvent très inquiets et comprenant mal l'attitude des médecins jugée négligente face à l'intensité des douleurs de leur enfant) et leur expliquer dans quels cas se représenter en urgence. Suivi en consultation chez le médecin traitant à 72 heures.

Dans les autres cas :

  • La réalisation d'une imagerie radiologique ne se justifie en urgence qu'en cas de doute diagnostique raisonnable ou de crainte d'une complication. En cas d'examen non concluant : surveillance clinico-biologique et contrôle échographique ou scannographique à 24 heures. En cas de dégradation clinique dans cet intervalle ou d'examens de contrôle toujours non concluants, discuter l'opportunité d'une chirurgie exploratrice et/ ou d'une antibiothérapie empirique.
  • Lorsque le diagnostic est retenu, la réalisation d'examens complémentaires (s'ils n'ont pas déjà été réalisés) et une antibiothérapie (++ fluoroquinolones ou cyclines) empirique ne se justifient qu'en cas de suspicion d'étiologie bactérienne (objectivisation d'une dégradation de l'état général, haute CRP, absence d'amélioration clinique à plus de quelques jours, aggravation rapide du tableau).

Auteur(s)

Shanan Khairi, MD

Bibliographie

Kliegman et al., Nelson textbook of pediatrics, 18th edition, Saunders

Lambot et al., Les urgences abdominales non traumatiques de l’enfant, J Radiol, 2005; 86:223-33

World Health Organization and UNICEF, Production of the new ORS, WHO Press, 2006

Yang et al., Etiology of non-traumatic acute abdomen in pediatric emergency departments, World J Clin Cases, 2013, Dec 16; 1(9): 276–284.